Présentation:
Bonjour
je m’appelle Olivia, j’ai 36 ans, 3 enfants et j’habite à Singapour depuis 4
ans. Je suis webdesigner. J’adore tout ce qui touche à l’Internet et au web
design. En vivant à Singapour, je me régale aussi des rencontres
multiculturelles et je n’aime rien de plus que discuter « parenting » avec des parents d’autres
pays et d’autres cultures que la mienne.
Ton
business:
Je
fais des sites Internet depuis 3 ans. J’ai monté une sole proprietorship qui s’appelle My Little Company. Mes clients
sont des petites et parfois moyennes entreprises, ils sont basés aussi bien en
France qu’à Singapour.
La particularité de mon
« business » tient surtout dans mon approche : je ne suis pas
une informaticienne-codeuse à la base donc je parle un langage que mes clients
comprennent. J’ai fait de la communication pendant 8 ans avant et ça me sert
beaucoup, notamment pour conseiller des clients qui ont besoin d’un site mais
qui ne savent pas vraiment comment le positionner et quoi mettre dedans. Enfin,
je suis une toute petite entreprise, « un artisan » et les clients
apprécient de pouvoir traiter avec moi en direct, de ne pas avoir à choisir un
package avec plein d’options dont ils n’ont pas besoin. Je suis aussi plutôt
flexible. Je crée des sites faciles à
mettre à jour :-) Plus de la moitié de mes
clients gèrent leur site eux-même.
Devenir Mampreneur,
pourquoi?
Avant
d’arriver à Singapour et surtout avant d’avoir des enfants, je travaillais à
Paris dans le service com’ d’une banque. Je ne comptais pas mes heures, je
voyageais (j’étais d’ailleurs venue passer 2 semaines à Singapour), j’adorais
mon boulot. Je trouvais l’ambiance « investment
banking » hyper excitante, je me sentais importante quand j’avais des
réunions avec le big boss et j’étais
hyper fière quand on me disait que j’avais fait du bon travail. Génial quoi.
Et puis je suis devenue
mère, deux fois en moins d’un an, et tout a changé. La maternité m’a fait
prendre énormément de recul et je suis devenue incapable de me remettre au
« jeu » de l’entreprise. Mes responsabilités de mère me semblaient infiniment
plus Grandes (avec le grand G) que
mon boulot, qui m’apparaissait d’un coup totalement futile. Chaque nouvelle
réunion était un calvaire, toutes les urgences
et autres charrettes me faisaient
pouffer, je ne supportais plus la mesquinerie ambiante.
En gros, je ne savais plus
ce que je voulais faire de ma vie, je manquais cruellement de sommeil, j’étais
déchirée entre ma vie de maman et mon autre vie … Bref c’était la merde (je ne m’en lasse
pas ;)
C’est aussi la période où
j’ai commencé à bloguer frénétiquement. Je me suis aperçue que je prenais
autant de plaisir à écrire qu’à bricoler le code de mon blog. J’ai alors
commencé à « fabriquer » des blogs pour toutes mes copines. Après une
petite dizaine de blogs j’avais des bonnes bases d’html, de css et de php,
j’adorais ça. J’aimais aussi beaucoup la partie créative et design. J’ai
commencé à me demander comment je pourrais intégrer cette nouvelle passion dans
mon travail. J’ai fait pas mal de plans sur la comète…
Le départ pour Singapour a
été l’occasion de mettre un plan à exécution ! Les débuts ont été
compliqués, j’ai pas mal tâtonné mais maintenant ça marche bien. Quand je
regarde le chemin parcouru je n’en reviens pas ;)
Hobby ou réel boulot (ou
les deux!)?
Aujourd’hui
c’est réel boulot à plein temps. Je voulais que ce soit un gros mi-temps et
c’est raté. C’est une bonne surprise qui complique un peu la vie et me force à
repenser un peu mon idée de départ.
J’ai déjà refusé des
clients mais je ne sais jamais de quoi demain sera fait, donc je refuse
rarement un nouveau projet. Ça m’oblige parfois à « bosser comme une
dingue ». Ceci dit, si on annualise, je prends quand même beaucoup de
vacances donc ça n’est peut-être pas si dingue que ça. La flexibilité me permet
de faire faire leurs devoirs à mes enfants au milieu de l’après-midi mais je me
retrouve parfois aussi derrière mon écran à minuit.
Parcours de santé ou
parcours du combattant?
A
Singapour, il n’y a pas de difficultés administratives insurmontables pour se
lancer. Mais ou que ce soit, pour monter une entreprise ou tout simplement se
lancer en free-lance il faut à mon avis de l’endurance et un bon mental. Il
faut être très patient et ne pas se laisser déstabiliser à la première
difficulté, ni aux suivantes... J’ai personnellement trouvé tout plus
compliqué que prévu.
J’avais fait une petite
formation en France et j’ai suivi des cours de design à la NAFA cette année
mais j’ai appris la plus grosse partie toute seule avec des bouquins et en
passant des heures à tâtonner voire à patauger dans des feuilles de codes.
Travailler de la maison,
est-ce compliqué, et recommandé?
Travailler à la maison a
plein d’avantages, notamment quand on a des enfants. Je suis là quand ils
rentrent de l’école, je peux m’interrompre une heure pour faire les devoirs et
me remettre au boulot après par exemple. Il n’y a aucun temps perdu dans les
transports, mon bureau est à 3 mètres de la salle de bain, le matin je ne suis
jamais en retard ;)
Il y a aussi 2 inconvénients
majeurs à travailler de chez soi. D’abord l’absence de vie sociale me pèse un
peu. Pouvoir discuter avec des gens, partager les bons et ou les mauvais
moments. J’aimerais pouvoir partager la joie d’un contrat signé et aussi
parfois partager les moments de galères.
Et puis travailler de chez
soi veut aussi dire être tout le temps au bureau. Mon ordi est toujours à moins
de 10 mètres de moi et j’ai du mal à décrocher. Et je ne parle pas de la proximité du frigo et
du lit qui peut parfois transformer la routine en frigo-boulot-dodo…
Qu'est ce qui t'a le plus
surprise dans ton parcours?
J’ai
été surprise par la puissance du bouche à oreille, je pensais que ma principale
difficulté serait de trouver des clients alors que pas du tout. Je ne fais
aucune pub et ne suis jamais au chômage technique. Il y a eu des mauvaises
surprises aussi ;)
L'erreur #1 à ne plus
refaire et/ou le conseil #1 à donner?
Le conseil numéro 1 est être patient et confiant. Se lancer prend
beaucoup de temps, il faut passer par des moments de doute, il faut se tromper,
il faut se remettre en question, changer d’approche, le chemin est hyper
sinueux et parfois un peu décourageant, mais chaque petite victoire ou « achievement » comme on dit ici est
une énorme récompense et permet de passer des caps. Les erreurs, il faut les
faire pour progresser je pense !
Au final, je dirais
simplement que le meilleur conseil qui soit est celui qu’un des profs à la NAFA
nous a martelé: « don‘t be emotional » ;)
T'es-tu appuyée sur des
réseaux d'entrepreneurs, des ressources particulières qui pourraient être
disponibles pour d'autres Mampreneurs? Si oui, lesquels?
Je n’ai pas utilisé
de réseaux autres que les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Linkedin.
Tes perspectives?
J’aime le côté
artisanal de « ma petite entreprise » et pourtant je m’aperçois que
j’atteins déjà la limite de ce que je peux faire en étant seule. Il faudrait
que j’« industrialise » mon approche, que je sous-traite davantage. Ça
ne me plait pas vraiment donc je cherche d’autres manières de me développer.
J’ai quelques pistes, il faut que ça murisse.
Le regard des autres
vis-à-vis de ton statut de Mampreneur?
Le regard des autres varie
du tout au tout. Il y a des regards admiratifs, envieux , bienveillants mais il
y aura aussi toujours des gens qui pensent que travailler pour-de-vrai, c’est
enfiler un tailleur et « aller au bureau », il y aura aussi toujours
des gens qui pensent que « monter une boîte » sans ambitionner de
monter une multinationale c’est pas une-vraie -boîte et il y aura aussi
toujours des gens qui pensent que la « mampreneur » est une tai-tai
qui joue à la marchande. On a tous des a priori … Perso je penserai toujours
que les gens qui enfilent des costumes à rayures et qui ont des team meeting le
dimanche sont des travailleurs de Brother & Brother. :-)
Je note aussi qu’en
vieillissant on accorde de moins en moins d’importance à ce fameux regard-des-autres,
une libération !
Et si c'était à
refaire?
Je
ferai tout différemment bien sûr…
Merci Olivia pour cette vision très franche du monde de l'entreprise traditionnelle et de sa compatibilité avec la maternité. Nous lui souhaitons bon courage dans le developpement de My Little Company. Vous pouvez aussi découvrir son blog, un incontournable, My Little Singapore!