Pour beaucoup, reprise du travail est synonyme de sevrage. Honnêtement c'est ce que j'avais moi-même en tête avant d'accoucher, n'ayant pas de contre-exemple de working mummy allaitantes dans mon entourage le plus proche. Et puis voilà. On commence à allaiter à la maternité, on nous aide (les infirmières, la doula). On va dans des "playgroups" ou on rencontre des mamans. Chacune a son idée sur l'allaitement, ou pas. On ne dort pas beaucoup, parce que Bébé c'est un petit glouton (normal). Même pas le temps de se doucher ou de prendre le déjeuner (merci Papa de me le ramener!). On a les problèmes des mamans allaitantes: crevasses, engorgement et tout le bazar. On est fatiguée mais heureuse (et oui, l'allaitement aide à sécréter des hormones relaxantes). Et puis on prend le rythme, les problèmes liés au démarrage disparaissent, on "masterise" l'allaitement. Et zut, boulot dans 3 semaines, je fais quoi?
Et alors je me suis dit, pourquoi arrêter? Je n'ai jamais prévu d'allaiter "X mois". J'ai avancé petit à petit. Tiens, Bébé a 3 mois, je reprends fin novembre, si on essayait jusqu'à Noel? Grace aux conseils de ma doula, je me décide pour l'achat d'un tire-lait électronique double pompage (dis comme ça, ça fait un peu "vache", mais c'est l'équipement indispensable). J'essaye à la maison, commence à faire des stocks, puis vient la reprise. Il faut s'organiser. Pompage 25min le matin et 20min l'après-midi (compris nettoyage de l'appareil, l'après-midi je mets tout dans un sac plastique et nettoie a la maison). Contraignant mais je prends le pli. Quand je passe dans les couloirs avec ma grosse mallette, on me dit parfois "Tu pars déjà? A demain!"... "Euh non, c'est ma super mallette spéciale allaitement avec poche isotherme, tire-lait, après je retourne bosser" bon parfois on ne se sent pas très à l'aise surtout face aux collègues français(es) ou anglo-saxon(e)s, surtout quand on travaille dans le domaine de la construction! Les singapouriennes, elles partagent leurs nombreuses histoires d'allaitement: "c'est super, ça me rappelle quand je faisais ça, il y a 5 ans". Le fossé culturel se réduit instantanément et ça fait chaud au cœur. On se dit qu'on a eu raison quand même.
Puis à Noel, Bébé a presque 5 mois. Autant continuer jusqu' à 6 mois. Et à 6 mois, Bébé a diminué ses rations de lait avec le démarrage de la diversification. Ça devient tout d'un coup si facile. Et je continue, heureuse, sans me mettre de date butoir. Et voilà, Bébé a bientôt un an, et maintenant j'envisage sereinement le sevrage la journée. Puis on verra pour le matin et le soir, pour l'instant on continue. Combien de temps? Ne me demandez pas, je n'en sais rien. Peut-être une semaine, peut-être des mois.
Allaiter après la reprise du travail n'est pas évident. Mais ce qui est encore plus dommage, c'est que par manque d'information ou d'exemples on n'ose pas se lancer. J'espère par ce billet réconforter des mamans qui ont fait le même choix que moi, ou alors aider d'autres mamans à franchir le pas.
Quelques trucs ci-dessous:
- Essayer mais ne pas se forcer: on fait ce qu'on peut, c'est humain d'être fatiguée, et heureusement que les laits infantiles existent, quand même! Et il est possible d'allaiter matin et soir et de passer au lait infantile la journée.
- Se faire aider, s'entourer de bons conseils car tout ne coule pas de source. Et n'oubliez pas, les playgroup c'est plus pour la Maman que pour Bébé!
- Tester la marque de tire-lait que vous pensez acheter avant d'investir (prêt, location). Mais investir si vous comptez pomper de manière intensive.
- Faire des réserves avant la reprise ou le week-end pour ne pas stresser en cas de baisse de production.
- Ne pas s’inquiéter si les quantités pompées sont misérables au début.
- Encore une fois, se faire conseiller et aider.
- Ne pas se fixer de date limite a long terme pour ne pas être déçue. Arrêter demain? Vous serez satisfaite d'avoir essayé. Dans 6 mois? Etonnée et heureuse d'en être arrivée là.
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