dimanche 15 mars 2015

Saisons

9 années près de l'Equateur, certes ponctueés de retour dans notre mère patrie deux fois par an - une fois l'été et une fois pour les fêtes de fin d'année - nous aurons permis de nous refaire une virginité sensorielle.
Ne nous plaignons pas: 30 degrés minimum à longueur d'année, le soleil, l'humidité, jour de 7h à 19h all year round. Pas de dilemme pour s'habiller le matin, une garde-robe compacte, une bonne mine et une peau bien hydratée à longueur d'année. Il faut juste apprendre à gérer les pluies diluviennes impromptues, un poil plus fréquentes de novembre à février, la chaleur un peu plus écrasante de juin à août, certaines années malheureusement augmentée du haze. Les années filent, les seuls repères étant les fêtes et jours fériés, les très vagues variations de saisons. Non l'année, on ne la voit pas passer, on se "réveille" d'un coup en ce disant que zut, c'est déjà les vacances, la fin de l'année, Noël ou je ne sais quoi. Nos enfants étant à l'époque en crèche / maternelle locale, il n'y a pas de vacances scolaires (le rêve pour parents bi-actifs) pour rythmer l'année. Nous nous régalions à longueur d'année de fruits exotiques, et de courgettes, tomates, potirons et autres légumes - toujours les mêmes de janvier à décembre - car importés de l'hémisphère nord ou sud, ça revient au même.
Nous sommes rentrés en France l'été dernier, la transition a été plutôt douce. Nous avons apprécié les longues soirées, le températures agréables, et en septembre pouvoir récupérer les enfants à 18h30 jouant dehors, profitant des dernières miettes de l'été indien et du début de l'automne. Nous passons des tomates et des fraises aux légumes racines et aux pommes. Je re-découvre la cuisine de saison. Nous avons par ailleurs été chanceux car en 2014, la douceur s'est prolongée jusqu'en novembre, avec un premier cap brutal : le changement d'heure puis les températures. Ça paraît idiot écrit comme ça, la météo un sujet banal, mais croyez-moi, après 9 ans en Asie, le choc est brutal. On a l'impression de rentrer dans un tunnel dont on se demande quelle longueur il fait et si on va s'en sortir. Car tout ceci se conjugue avec de petits désagréments en -ite: bronchite, otite, gastro-entérite.
Au niveau alimentaire, j'ai arrêté justement d'acheter courgettes et tomates n'importe quand. Je m'approvisionne à la Ruche, uniquement de produits de saisons, les quelques et rares entorses étant des légumes surgelés de chez Picard. Le bonheur de (re)découvrir des recettes laissées de côté (cela faisait des années que je n'avais pas cuisiné un navet ou un chou), de (re)découvrir 1001 façons de cuisiner certains ingrédients, de (re)découvrir leur vrai goût (celui du produits de saison qui n'a pas fait des milliers de km), de guetter du coin de l’œil tel fruit ou tel légume que l'on pourra déguster le mois prochain (chouette!). Les salades ont fait place aux soupes et aux gratins, pour à nouveau être remises à l'honneur. J'ai expérimenté la mise en bocaux et la fermentation.
Et maintenant, c'est l'arrivée du printemps que l'on guette. Les jours qui rallongent (un effet dingue sur le moral), les quelques degrés de plus que l'on grappille avec plaisir en attendant la prochaine occasion de laisser tomber le manteau et de sortir les vélos, les bourgeons qui pointent le bout de leur nez, les enfants que l'on retrouve en train de courir dehors le soir, les longues soirées en perspective avec le changement d'heure imminent. On se fait une liste des sorties dominicales pour jour de beau temps à venir. On essaie de sortir un peu plus tôt les vendredis ensoleillés. Petit M me demande dans combien de dodos c'est le printemps parce que "on pourra faire un barbecue". On commence à penser à la fin de l'année scolaire, aux vacances d'été... un nouveau cycle commence...
On ré-apprend à respecter les cycles de la nature dans toutes leurs dimensions: luminosité et températures, produits de la terre, etc. Oui, nous nous plaignons de l'hiver, mais cette pause a quelque chose de sain et régénérant. Sur l'Equateur, la vie au rythme des saisons, nous l'avions oubliée, en rentrant, nous nous la ré-approprions, malgré notre vie bien citadine.

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